François Hollande et le panurgisme pour tous

6 mai 2012. François Hollande, vient d’apprendre qu’il est élu président de la république française. Il réunit dans le plus grand secret au siège du Parti Socialiste, rue de Solférino, ses plus proches conseillers, quelques intimes de longue date, son futur premier ministre et quelques futurs membres du gouvernement. Il prend la parole.

« Mes amis,

Après 10 ans de la droite au pouvoir, nous allons reprendre les rênes du pays. Le changement, c’est maintenant, et moi président, j’entends relever la nation et changer le cours de l’histoire.

Depuis l’après guerre, nous avons laissé la finance internationale se développer à outrance. Les banques centrales sont devenues les nouveaux dieux de l’économie. Coca-Cola est un meilleur investissement sur les marchés que la France. Notre dette a explosé entre la fin des années 70 et aujourd’hui, et ce n’est plus tenable.

Je propose que nous nous attaquions à ce problème en priorité. Notre système d’endettement est tellement complexe que même Bercy – j’ai des contacts avec des gens qui nous ont soutenu là-bas – a du mal à y voir clair.

Une bonne part de cette dette est très probablement le fait de contrats publics plus que contestables, pendant de nombreuses décennies. A-t-elle été contractée dans l’intérêt des citoyens français ? J’ai des doutes et nous allons devoir étudier et décortiquer cette question. Dans le cas contraire, si par exemple nous trouvions des preuves de corruption, nous ferons appel à la notion de dette odieuse, comme l’ont fait l’Equateur, mais aussi les USA avec la dette de Saddam en Irak. S’il nous est possible de prouver que nous n’avons pas à payer, alors moi président, nous le ferons.

Il nous faudra pour cela mobiliser les forces vives de la nation. Des comités pour l’audit de la dette existent, et nous nous appuierons sur eux, comme sur les universitaires, les écrivains, et les philosophes politiques, et toutes les bonnes volontés en action dans la société civile.

Nous n’avons que trop fait reposer nos projets sur les propositions des lobbys bancaires et des multinationales. Regardez où cela nous a conduit : La dette française dépasse la barre des 90% du PIB, et les actifs de BNP Paribas dépassent le PIB de la France. Cette situation n’est plus tenable.

Nous allons devoir dire ces vérités aux français, et ce ne sera point chose aisée. Mais je crois en la sagacité des citoyens de ce pays. C’est notre Descartes qui disait que “le bon sens est la chose du monde la mieux partagée”, et bien que nombre de nos concitoyens n’aient pas comme nous fait l’ENA, ils n’en sont pas moins aussi concernés que nous, et doués d’un sens critique non moins pertinent.

Les équipes du président sortant n’ont cessé de mentir aux citoyens. Allumer des contre-feux médiatiques pour dissimuler derrière un écran de fumée télévisuel les problèmes réels. Ils ont tapé sur les musulmans sans relâche, nourrissant l’amalgame permanent de l’Islam égal intégrisme. Ils se sont acharnés sur les roms et les populations les plus faibles, divisant le pays pour mieux régner, appliquant à la lettre les principes politiques les plus contestables des heures les plus sombres de l’histoire de l’Europe. Ils ont contribué par pure tactique électorale à faire grossir les rangs de l’extrême droite, avec le succès dramatique et périlleux nous savons.

Cela se termine ici. S’en est terminé des écrans de fumée. Les problèmes sociétaux passeront au second plan des enjeux vitaux pour le corps social. Nous ferons voter le mariage pour tous, le droit de vote des étrangers, certes, mais cela se fera sans passion exagérée, sans outrance médiatique, et dans un laps de temps raisonnablement court. Nous ne nourrirons pas les médias de fausses polémiques qui – l’UMP nous l’a montré – sont autant d’abrutissements stériles et bien peu respectueux des Droits des citoyens.

Ce sont les citoyens qui doivent se saisir de l’agenda médiatique, et ils nous le disent clairement : le chômage, le mal logement, l’accroissement de la pauvreté sont les principaux moteurs de leur peur de l’avenir. C’est à cela que nous devons nous attaquer. Si nous additionnons les demandeurs d’emploi, les travailleurs pauvres occasionnels, et ceux qui n’ont plus aucun droit, en intégrant l’outre-mer, il y a plus de 9 millions de chômeurs en France. C’est énorme. Il nous faut ouvrir un grand débat national sur la refonte du marché du travail. Et il y a un vrai problème endémique de mal logement pour des centaines de milliers de français. Nous devons nous attaquer à ce drame en urgence, changer la législation totalement excessive sur les conditions délirantes de location. Un chômeur n’aurait pas le droit de se loger dans notre pays ? Cette situation ne saurait durer.

Les entreprises n’ont plus accès au crédit, alors que les banques n’ont jamais été aussi riches. Il nous faudra les attaquer de front et leur faire courber l’échine, ce n’est qu’a ce prix que nous repriseront un tissu économique plus que dégradé. Notre ennemi c’est la Finance, il a des noms très précis, nous les connaissons fort bien, et il a des visages, que nous ne’identifions que trop. Qu’attendons nous ?

Certes, nous nous mettrons à dos une belle part de l’oligarchie, mais ces ultra-riches qui défiscalisent dans les paradis fiscaux n’auront plus leur mot à dire tant que leurs fortunes fiscalement évadées ne reviendront pas servir l’économie réelle. Plus de 600 milliards d’actifs échappent à l’impôt en France – 80 milliards par an – et cette situation n’est plus tenable. Une de nos premières mesure sera l’embauche de milliers d’inspecteurs des impôts, nous ferons collaborer les services, mobiliseront jusqu’à la DCRI pour aller débusquer ces fraudeurs criminels s’il le faut. Les USA le font bien avec l’IRS, pourquoi pas nous ? Sommes nous moins de gauche ?

Il nous faudra nous attaquer aux conflits d’intérêts entre l’état et les grands groupes qui vivent de marchés publics colossaux et qui détiennent également quasiment tous les médias du pays. Regardez ce qu’a fait madame Kirchner dans son pays en s’attaquant à Clarín. Sommes-nous moins le pays de la liberté de la presse que l’Argentine ?

Laisserons-nous les multinationales venir bénéficier d’allègements fiscaux exorbitants, voir carrément de subventions publiques, puis transformer le pays en un vaste champ de prédation spéculative, vendu bout par bout à la découpe ? Laisserons-nous les Mittal et autres Arnault faire leur fortune en aides de l’état et en spéculation boursière sur le dos des honnêtes gens qui ne demandent rien de moins que d’exercer leur savoir faire ? Mes amis, je ne le crois pas.

Des oligarques européens veulent nous imposer l’austérité comme inéluctable. Pourtant preuve a été faite que le FMI s’est trompé lourdement dans ses calculs. Une enquête est en cours contre Eurostat, accusée d’avoir artificiellement gonflé le déficit grec en 2009 pour justifier l’austérité. Ces attaques incessantes – et les puissances de l’argent avancent masquées – doivent être dévoilées aux citoyens. Les français ont le droit de savoir ce qui se joue en coulisses. La volonté parasite des multinationales et des organismes financiers de privatiser le Bien commun, l’eau, les transports, la santé, l’éducation, au bénéfice de peu mais au détriment de tous, doit être connue de chacun.

Ce ne sera pas chose aisée, je le répète, mais nous dirons la vérité aux français sur l’état du pays. Nous solliciterons leur concours. La télévision posera les vraies questions de fond à l’attention des citoyens. Nous organiserons de grands débats publics dans les communes, les départements, les régions, sur Internet, où chacun pourra avancer ses idées. La France doit se nourrir des français, mes chers amis. Nos compatriotes ne seront plus des hamsters en train de courir dans la roue de leur cage devant cette boite à cons qu’est devenue la télévision.

Moi président, le panurgisme pour tous, c’est ter-mi-né. »

3 réflexions sur “François Hollande et le panurgisme pour tous”

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